Depuis les premières lois de décentralisation, il est offert aux collectivités locales la possibilité d’engager des actions de coopération internationale décentralisée. Ces actions légitimes permettent aux collectivités françaises de s’ouvrir, à l’échelle qui est la leur et autour de projets concrets, aux projets de solidarité internationale.
Jusqu’ici la Ville de Lamballe avait fait le choix de ne pas mener de coopérations décentralisées mais de soutenir l’action internationale de certaines associations lamballaises vers des pays comme le Mali, l’Algérie, le Togo, le Sénégal…
Voilà qu’en mars dernier, le Maire de Lamballe a souhaité effectuer un voyage de solidarité dans la bande de Gaza. Il avait alors demandé une participation financière du Conseil municipal ce qui avait suscité un premier débat.
Lors du Conseil municipal du 10 septembre 2009, le Maire de Lamballe évoque la possibilité d’une coopération décentralisée avec un village de Cisjordanie dans la suite de son voyage dans la bande de Gaza. L’opposition demande qu’avant toute démarche de coopération décentralisée, une commission municipale recense les actions lamballaises existantes à l’internationale afin que l’action du Conseil municipal s’inscrive en cohérence avec ce qui existe déjà. Le principe de la création d’une commission est alors retenu dans un esprit de consensus.
Quelle ne fut donc pas notre surprise de voir à l’ordre du jour du Conseil municipal du 20 octobre, la signature d’une convention de coopération décentralisée avec le village de Kufur Thillit en Cisjordanie sans qu’aucune réunion de cette commission n’ait eu lieu ! C’est de nouveau par la bouche d’Yves Clément que s’exprime alors l’opposition :
« Je suis très surpris qu’aucune concertation ou réflexion sur ce sujet important n’ait eu lieu alors que j’avais soulevé le problème lors du dernier Conseil Municipal en septembre.
La Coopération Décentralisée ce n’est pas une simple opération de Jumelage. Des questions importantes se posent afin que cette coopération ait du sens, qu’elle soit équitable et qu’elle ne soit pas seulement un acte momentané de solidarité vis-à-vis d’une population en souffrance.
Les questions qui se posent sont les suivantes :
– Une coopération pour quoi faire : ouverture sur le monde, partenariat économique, action humanitaire ?
– Quelles initiatives et compétences existent déjà sur notre commune : quelles associations, quels habitants sont déjà engagés dans des actions de coopération ?
– Comment la ville souhaite coopérer : au niveau économique, culturel, administratif, quel projet concret de partenariat ?
– Jumelage ou coopération directe ? Si l’on choisit la coopération directe, les élus et les services de la ville sont-ils prêts à s’investir ?
– Trouver des financements : ceux- ci vont conditionner le niveau de coopération et la pérennité des actions ; où-en est- on ?
– La commune de Lamballe seule est – elle la mieux adaptée pour répondre à ces questions ? La Communauté de Commune n’est elle pas l’échelon le plus pertinent pour y répondre et pour plus d’efficacité ? »
Une fois ces questions posées, nous attendions l’ouverture d’un débat comme il se doit entre une majorité et une opposition au sein d’un Conseil municipal. Malheureusement, le Maire a refusé l’ouverture de ce débat et a souhaité mettre immédiatement cette délibération au vote. Nous nous sommes alors abstenus. Pourquoi refuser un débat sur un sujet qui engage la commune et ses finances sur trois ans ? Pourquoi mener un tel projet à marche forcée alors qu’un débat aurait pu peut-être aboutir à un projet partagé par tous les Lamballais ? Nous ne pouvons que regretter une telle méthode.
Stéphane de SALLIER DUPIN – Yves CLEMENT – Véronique DELAITRE – Rosanne MAHE