Monsieur le Président,
Je voudrais illustrer le propos de mes collègues à partir de deux exemples concrets.
Le premier exemple date de ce matin. Un éleveur sur la commune de Morieux vient me voir. Il tente un regroupement avec son fils, ingénieur, qui veut reprendre l’élevage porcin du père. Une exploitation dotée de 50ha vitaux pour le plan d’épandage. Au cours de la procédure de regroupement, l’éleveur découvre que désormais, 18 à 19 ha de son exploitation ne seront plus épandables. Patatra, toute la transmission et le regroupement sont mis en cause avec menaces de disparition de l’une des dernières exploitations porcines de la commune.
C’est là l’hémorragie du nombre d’agriculture. C’est là que sont aussi les causes de cette baisse.
Je voudrais revenir sur les propos de René Louail sur la méthanisation. Pour les amis de Monsieur Louail, au début, l’innovation en développement durable c’est toujours bien. Dès que cela devient viable commercialement, cela devient mauvais. Relisez les quelques années que nous venons de vivre et vous verrez que cette règle se vérifie toujours.
Je reviens à mon agriculteur de Morieux. Moins de terres épandables, c’est moins de production. Moins de production, c’est moins d’emploi ouvrier dans l’agro-alimentaire.
C’est mécanique malgré les propos des uns et des autres.
Ne faites pas dire, ce que je n’ai pas dit. Je ne m’interdis pas une démarche écologique mais en gardant nos volumes de production pour garder nos structures industrielles de transformation.
J’en viens à ma deuxième illustration, l’Assemblée générale d’une grande coopérative porcine régionale.
Un rapport d’activité qui commence par le chapitre Porc Charcutier : « L’exercice 2011 est marquée par une légère diminution du nombre de porcs commercialisés par le groupement de producteurs. ».
En 2011, le groupement de producteurs a commercialisé 53 000 carcasses de moins que l’an dernier. Derrière ces 53 000 carcasses, c’est une baisse de compétitivité des sites industriels de transformation. Le jour où cette baisse de compétitivité plombée par l’augmentation des charges sera trop importante, c’est l’emploi ouvrier qui en sera la victime.
Collectivement, à la Région, dans les Départements et dans les Pays, nous produisons des textes qui pourraient n’aboutir qu’à baisser les volumes de production et donc, à terme, à casser l’emploi ouvrier.
Et puis, devant le désastre, nous verrons arriver dans quelques mois, un ministre en soulier vernis, un ministre de la production heureuse qui viendra pleurer avec les ouvriers et mettre les dirigeants au pilori, sans effet.
C’est l’histoire, elle est écrite si nous ne savons pas substituer un débat concret à des propos trop souvent idéologiques.