Monsieur le Président,
Chers collègues,
Trop lent, trop cher,
Voilà ce que nous vous disons depuis 2015 en ce qui concerne le déploiement de la fibre optique en Bretagne et singulièrement dans les zones rurales, les villes petites et moyennes en Bretagne.
Trop lent, 2030 était inadmissible
Trop cher, 2000 € par prise était prohibitif
Nous ne disions pas cela comme on jette des mots en l’air. Nous étions aller comparer dans les autres régions françaises et singulièrement dans les Hauts-de-France.
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que nous avons été une opposition utile puisque vous engagez un vrai virage de méthode en vous inspirant pour partie de ce que nous vous disons depuis 2015.
Résultat
Trop lent : vous nous proposez un délai en 2026 – 4 ans de gagné.
Trop cher : vous nous proposez des prises à environ 850 € l’unité, soit une baisse de près de 60% du prix.
N’en déplaise à mon collègue spécialiste du vent qui disait hier son impatience à nous voir nous opposer, nous sommes satisfaits de cette évolution. Une évolution qu’il faudra néanmoins évaluer lorsque les phases 2 et 3 rentreront dans leur phase productive. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Le plan a changé, nous évaluerons son exécution avec la liberté de parole qui nous caractérise.
Et pourtant, que n’avons nous pas entendu lorsque nous explorions des solutions pour aller plus vite et moins cher.
- Moins cher – la qualité du réseau ne serait pas au rendez-vous, nous disait-on ?
- Moins cher – c’est que les marchés passés à pas cher feraient l’objet de multiples avenants et ne seraient pas si bon marché que cela à terme ?
- Plus vite – les délais affichés ne pourraient pas être tenus (il est vrai que nous n’étions pas encore des spécialistes des retards à répétition).
- Qui faisait l’objet de ces questions et de ces critiques larvées ?
- Qui donc pouvaient faire l’objet d’une telle défiance ?
Axione – Bouygues : prestataire de service dans les Hauts-de-France.
Avez-vous changé d’avis et de méthode à un tel point que ces questions qui étaient les vôtres, sont désormais caduques ?
Trève d’esprit taquin, nous réjouissons avec vous de voir ainsi évoluer, de nous voir ainsi évoluer.
Il demeure néanmoins des dysfonctionnements ici et maintenant dans ce déploiement.
Le premier – important – concerne le déploiement de la fin de la phase 1. L’an dernier, en 2018, nous aurions dû créer 90 000 prises nouvelles en Bretagne, à Loudéac, à Dinan, à Pont-Labbé… Selon l’état de mes informations, seules 366 prises ont été produites. Nous ne prenons donc pas le chemin de l’industrialisation malgré ce que vous écrivez dans le bordereau.
En ce n’est pas une question de partenaires. Certes, Orange, avait pris 2 ans de retard sur les 70 000 prises, mais les 130 000 prises suivantes sont à la charge de qui ? Je vous laisse de deviner… Allez, faites un effort … pour partie Axione-Bouygues, notamment dans le Finistère. Vous savez, celui qui doit produire 150 000 par an pour remplir l’objectif 2026.
Vous le voyez, le défi de l’industrialisation est face à nous. Restons donc vigilants.
Deuxième dysfonctionnement possible : comment va-t-on recalculer la participation de chacun au regard des économies faites ?
Qui de l’Europe (post 2020), de l’Etat (après son éventuel retour à la table des financeurs en fin d’année), des collectivités, va être le bénéficiaire de cette baisse des coûts ?
Je crains beaucoup que le Gouvernement, dont la bienveillance est le maître mot, ne pense d’abord à ses propres déficits avant de penser aux efforts d’investissement des collectivités.
Le déploiement de la fibre, c’est un des réponses pour corriger les effets désastreux de la métropolisation en Bretagne. Pour cela, il faut gagner la bataille du temps, sans perdre celle de la solidarité financière.
Mais le déploiement de la fibre n’est pas le seul défi.
Je souligne ici deux enjeux essentiels.
D’abord, celui du déploiement de la fibre noire et de l’Ultra Haut Débit.
Cette boucle anciennement appelée Renater est la grande artère de l’Ultra Haut Débit et doit aussi participer à l’aménagement du territoire breton.
Pourquoi ? Tout simplement parce que le passage de la fibre noire attire l’implantation des data-centers qui, eux-mêmes, attirent l’implantation d’autres entreprises en périphérie.
Or, pour le moment, il ne me semble pas que les petites villes bretonnes qui se trouvent sur le parcours puissent se connecter à la fibre noire. Vous l’avez compris, je pense singulièrement à Lamballe, mais cela vaut pour d’autres villes et d’autres territoires. Cela aussi, c’est de l’aménagement du territoire.
Deuxième point : celui des pratiques, celui de la transition numérique, celui de la lutte contre la fracture numérique tant pour les personnes que pour les organisations. On est moins dans le dur, le plan, la logistique, le déploiement, mais c’est tout aussi important.
Ceux qui penserait que l’action menée par notre groupe sur ce sujet est un banal travail d’opposition, se trompent sur tout la ligne. Non, nous nous voulons stimulants dans une aventure collective qui, dans tous les cas, est à la fois passionnante et vitale pour la Bretagne.