Monsieur le Président,
Voilà le maçon au pied du mur. Après une charte de la jeunesse que nous avons considéré comme peu concrète, verbeuse et écrite dans cette novlangue que les experts affectionnent mais que nos concitoyens, et spécialement les jeunes, ne comprennent pas, vous nous proposez un appel à projet 2011-2013 pour la culture et la jeunesse.
Que nous proposez-vous ? 200 000 euros par an pour des projets subventionnables à 70% avec un plafond de 15 000 euros par projet, soit, le calcul est rapide, environ une quinzaine de projets par an.
C’est la première remarque du CESER. Je cite « Le nombre restreint de projets soutenus et les sommes investies chaque année rendent irréaliste l’objectif « de permettre à chaque jeune de 15 à 29 ans, d’être impliqué dans un projet culturel » sachant que 550 000 jeunes sont potentiellement concernés en Bretagne. »
Le nombre restreint de projets concernés à des conséquences très concrètes. Comment seront-ils sélectionnés.
Il y aura nécessairement une bonne répartition géographique de ces projets. 15 projets, 4 départements : cela fait trois ou quatre projets par an et par département.
Et le CESER de poursuivre dans son avis :
« Le risque est que les jeunes les plus habitués à ce type de procédure et projet en soient les principaux bénéficiaires. » Je résume, ceux qui ont déjà des aides risquent d’en avoir plus et ce qui ne sont pas gymnastiques à ce sport national qu’est la demande de subvention risquent de ne rien voir du tout.
Le CESER poursuit « En règle général, l’appel à projet donne l’impression d’une vision des jeunes portée par ceux qui le sont moins. Il est ainsi douteux que les jeunes eux-mêmes produisent, ou même valident, l’évolution dans les comportements et les représentations des jeunes vis-à-vis des pratiques culturelles, telles qu’elles sont reformulées dans l’appel à projet. »
Nous voyons tous que le fondement de l’analyse des candidatures en remis en cause.
Quelle est cette procédure d’analyse ? Elle intervient au sein d’un Comité d’analyse dans lequel figurent des élus régionaux mais également une batterie d’experts désignés, de ceux qui demandent aux jeunes « de produire ou valident l’évolution dans les comportements et les représentations des jeunes vis-à-vis à des pratiques culturelles ». Je ne doute pas de leur compétence. Je doute de leurs postulats idéologiques sur ce que sont les jeunes.
Notre crainte porte sur la constitution et le rôle de ce comité d’analyse. On nous présente un comité d’analyse qui a valeur de comité consultatif. Un homme, une voix.
Les experts y seront de facto quasi majoritaires avec un regard sur les jeunes ,respectable mais contestable, mais pas forcément partagé par les jeunes eux-mêmes voire déconnectés des jeunes qu’ils ont intellectualisé. Procès d’intention allez vous me dire. Fruit de l’expérience vais-je vous répondre.
Notre volonté est qu’au sein de ce comité d’analyse figurent des experts avec voix consultative, et des élus qui votent, ce vote appelant un avis conforme de la commission permanente comme pour l’Eco-Faur ou pour les aides économiques.
Pourquoi une telle formule, pour garantir un débat franc et responsable sur les projets sans que les élus ne se cachent derrière des avis d’expert.
Vous l’avez compris, nous craignions
• Que cet appel à projet ne concerne que les habitués des subventions, ces habitués n’étant pas forcément des jeunes
• Que cet appel s’appuie avant tout sur les avis d’expert avant de s’appuyer sur les réalités de terrain
• Que cet appel ne satisfasse pas les exigences de transparence et de pluralisme.
Nous ne sommes pas hostiles à cet appel à projet bien que nous constatons une nouvelle fois que les objectifs énoncés avec des grandes formules aient réduit au lavage budgétaire.
Nous souhaitons en revanche que notre amendement soit pris en compte pour les raisons énoncées.
Dans cette affaire et sans prétention exclusive nous nous voulons les gardiens de la transparence et les veilleurs du pluralisme.
Si cet amendement n’était pas pris en compte, nous serions amenés à nous abstenir.